Suite de la nouvelle de Franck Pavloff : Matin Brun
La nuit a été difficile, les miliciens ne m’ont pas ménagé, un coup de bâton par ci, un coup de bâton par là. Et tout ça pour un chat pas assez brun ! J’ai mal partout maintenant et je me suis fais jeter dans un cachot ou quelque chose comme ça. Malgré tout, je suis rassuré, un bonhomme dort, je ne distingue pas la silhouette (il fait toujours nuit ici), mais il ronfle dans un coin opposé de notre prison. Je ne sais pas si je fais bien de lui adresser la parole mais je le réveille :
- Qu’est-ce que tu as fais toi pour être ici ?
- J’avais un chat…
- Un chat blanc ? Le mien était noir et blanc, le pauvre…
- Oh ! Le mien est parfaitement brun mais il a la fâcheuse habitude de chasser. Et les souris qu’il me ramenait tous les jours étaient grises !
- Grises ?! Mais ces souris ne t’appartenaient pas !
- Bien sûr, mais j’étais au contact avec ces bêtes là. Et tu sais, les miliciens, ils ne cherchent pas à réfléchir.
Nom de Dieu ! Cette fois, la loi dépasse toutes les conneries qui n’aient jamais existées. Dehors, les gardes rient, ils mangent, ils boivent, et moi, je crève de faim dans mon trou. Ah, ça y est on vient nous chercher, pas trop tôt… Mais pour aller où ?
Me voilà dans un train vers un camp semble-t-il. C’est incroyable le monde qui se trouve dans le même cas que moi. J’ai pas revu le gars de la cellule, il doit être dans un autre wagon. On s’arrête enfin, je me lève, on va enfin pouvoir descendre. Ah non, ce sont en fait d’autres prisonniers qui montent, le trajet promet d’être long. Je viens d’apercevoir Charlie, je lève la main mais il ne m’a pas vu.
- Charlie ! Charlie !
- Quoi ?! Oh ! C’est toi ? Tu m’ a manqué mon vieux. Toi aussi ils t’ont eu ?
- Et oui, c’était hier matin, ils m’on emmené dans un fourgon et m’on jeté dans une cellule. Ensuite j’ai pris ce train mais je ne sais pas ce qui nous attend…
- J’ai entendu dire qu’ils nous foutaient tous dans une sorte de camp pour nous faire travailler.
- Tu parles ! Y aura jamais assez de places ! T’as vu le monde qu’il y a ? Ils en font quoi de nous après ?
Silence.
- Je sais pas, on verra.
Le trajet s’est ensuite déroulé sans un mot. Nous arrivons, le camp est immense. Il y a des cheminées qui fument, le coin pourrait paraitre convivial sans les barbelés… Les portes s’ouvrent, je me lève.
Nous voilà encore en cellule, j’ai réussis à rester avec Charlie. Lui n’a pas la forme, notre conversation à l’air de l’avoir bouleversé.
- Tu sais Charlie, ils peuvent pas nous garder comme ça trop longtemps, on sera bientôt chez nous à siroter un pastis bien frais.
Pas de réponse.
Charlie m’inquiète, il ne parle plus, ne mange plus (remarque on a pas beaucoup à manger mais quand même). On a cassé des cailloux toute la journée. J’ai mal dormi et pas longtemps. Les journées sont longues et j’ai mal partout. Et j’ai peur…
Hier soir, dans la nuit, on a parlé avec Charlie :
- Charlie, il faut qu’on fasse quelque chose.
- Quoi ?
- Il faut qu’on fasse quelque chose, qu’on trouve un moyen de sortir d’ici.
- Oui, j’ai compris, mais comment tu veux faire ?
- Je ne sais pas, la nuit, le gardien met 30 minutes à faire son tour, ça nous laisse du temps.
- C’est vrai, ma famille me manque et je commence à croire que ce n’était pas du bois qui brulait dans ces cheminées…
- C’est décidé on tente le coup demain, je deviens fou ici, le marteau, je le sens encore résonner dans ma tête.
- Moi aussi, et je crois que je suis malade, à demain, courage.
- Merci…
Maintenant je n’arrête pas de penser aux cheminées. Dans quel guêpier sommes-nous tombés ?
Aller debout, c’est le grand jour, mais avant nous avons des pierres a casser. Courage, comme dis l’autre.
Ca y est le gardien va passer tout à l’heure, espérons qu’il n’y ait pas de chien, brun évidemment. Charlie n’attend que l’arrivée du gardien et moi aussi. J’emporte mon carnet avec moi, je pense que j’aurai besoin de me vider la tête après notre escapade.
C’est le moment, on y va.
La suite que j'avais écrit se termine ici. Je m'adresse aux lecteurs maintenant.
J'ai reçu l'autre jour un mail de la part d'un professeur qui a fait étudier ce texte à ses élèves. Celui-ci m'informait que ma suite avait atterrie sur son bureau en plus de 10 exemplaires.
Je suis ravi d'être partagé et lu, mais sachez, avant de copier coller ce texte, que rien ne vaudra jamais votre propre imagination, couplée à votre expérience. Sachez, que vous êtes capables d'en faire autant. Il ne s'agit pas d'avoir du vocabulaire, ou de bonnes tournures de phrases.
Nous passons tous notre temps à se raconter des histoires, quel que soit le texte qui vous sera soumis, vous avez ce qu'il faut pour en écrire la suite à votre sauce. Soyez imaginatifs, profitez de ces expressions écrites, et exprimez vous.
Je sais que Matin Brun est encore étudié à l'école, et il en vaut la peine. Sachez aussi qu'il y a d'autres textes qui en valent la peine, qu'ils soient actuels ou plus vieux. Certains sont peut-être même en cours de formation, sous le stylo que vous posez sur votre feuille.
Ecrivez, écrivez,écrivez ! Soyez créatifs, rendez vous en fiers, fiez vous à vos créations !
Et pour les profs, le message est le même :) Soyez créatifs, donnez l'envie à vos élèves de réfléchir par eux-même, à force de leur montrer ce que leurs ancêtres ont fait de mieux, ils n'osent plus se lancer. Aidez les, poussez les à laisser libre court à leur imagination, leur curiosité ou leur envie de crier, chanter, danser ! Soyez passionnés.
Bisous.
Créez.