Face à un monde qui ronge ses propres dents,
Qui se recroqueville sur lui-même dans la nuit,
Tant ses cauchemars s'immiscent jusque sous les oreillers,
Moi, petite souris, vais te raconter mon histoire
Je suis utopique,
Dans le plus grand des secrets, je rêve de devenir castor,
A l'abri de tes murs, j'attaque les plinthes, sans relâche,
Sans relâche je rêve,
A la manière du Colibri et de l'Aigle,
De devenir un emblème, un exemple
Mes pairs répètent sans cesse, tu es souris, pas castor,
Alors je ris, ça me donne le sentiment d'être un peu plus,
Je leur dis que l'impossible n'est pas irréalisable,
Puisqu'il constitue une limite et une barrière,
Et celles-ci sont justement là pour être franchies
Alors je rêve, éveillée,
Je suis utopique,
Je rêve, à la manière de la pousse, de devenir l'arbre,
A la manière de l’œuf, de devenir volatile,
Et à ronger ton bois, je me sens castor
Et ça ne me suffit plus,
Les castors créent des barrages,
Les barrages doivent être franchis,
Ils constituent une limite
Alors je rêve, éveillée,
Je suis utopique,
Je rêve, à la manière de l'eau qui, malgré les barrages, fonce vers la mer,
Je rêve, à la manière de la chenille qui, malgré sa précarité, fonce vers le ciel,
Et je veux découvrir le monde d'en haut, je veux grandir,
Je veux être l'éléphant
Mes pairs répètent sans cesse, tu n'es ni castor, ni éléphant,
Mais je ris, je regarde les fourmis d'à côté, et me sens éléphant,
Je me sens fouler un univers plus grand qu'elles ne l'imaginent,
Je ressens la terre sous mes pattes,
Je ressens l'air qui va plus vite sur mon visage,
Je sens que je peux voir loin, ressentir plus,
Et je rêve, éveillée,
Je suis utopique,
Je rêve, à la manière de l'homme qui, malgré la gravité, s'éleva dans les airs,
Et je sais, les limites sont faites pour être dépassées,
L'impossible n'est qu'une barrière,
Les barrières doivent être franchies,
Parce que l'infini est plus vaste que tout, et tout est possible,
Infiniment plus haut, Infiniment plus loin, Infiniment plus beau,
Infiniment possible,
Je serai chauve-souris,
Insouciante et innocente, je ris,