Au pied d'un arbre, au milieu d'une prairie fleurie,
Un chien noir et un jeune homme se font face,
Un vent frais fait voleter des feuilles autour d'eux,
Ils semblent enfermés dans une bulle que rien ne puisse percer,
L'importance du dialogue se fait ressentir.
- Maintenant que je te vois dans les yeux, dis moi qui tu es.
- Je suis Tenebris, je suis ton côté sombre.
- Je ne t'aime pas.
- Je n'aime pas l'Amour, il est une perte de temps.
- L'Amour est beau, fort et puissant, comment ne pas s'en réjouir ?
- Je préfère la force et la puissance de la haine, la colère et la violence. C'est toi qui m'a imaginé, tu connais tout cela.
- Ce ne sont que des choses négatives, je les vis a regret puis m'en sers pour mieux discerner le positif.
- Aucun intérêt, mon positif est ton négatif.
- Pourquoi te cachais tu dans la forêt ? Il n'y a qu'un vieillard là-bas.
- Justement ! C'est lui qui m'a tout appris, je me sers de lui pour t'atteindre, tu as décidé de nous mettre à l'écart mais nous sommes tout de même là.
- Je n'ai pas besoin de vous.
- Mais tu m'a amené ici...
- Tu faisais trop de bruit, tu sortais sans que je m'y attende et tu me mordais.
- Ce n'est pas en me faisant venir que tu y échappera, tu me facilite les choses.
- Mais je ne t'oublierai plus, tu m'accompagneras partout, je te nourrirai et apprendrai a te connaître, je ne veux pas d'un ennemi caché dans une forêt.
- Cela ne sera pas facile
- Rien n'est jamais facile, c'est ce qui rend les choses belles et imprévisibles, et tu as besoin de moi.
- Besoin de toi ? J'irai ailleurs !
- Ailleurs ? Tu n'es pas ce genre de chose, tu n'es que moi, tu vas voir le soleil, ça te fera du bien.
- La forêt me suffisait...
- La forêt n'est pas ta place, le vieillard y vit, toi tu es le présent, et je ne sais pas ce que tu vaux, fini de tricher, maintenant tu es la forge et l'enclume.
- Tu vas me rendre marteau ?
- Je vais te rendre utile, je ne peux pas te laisser grandir dans un coin, tu es dangereux, je veux garder un oeil sur toi.
- Oeil pour Oeil...
- Je vais faire de toi une force, tu n'es pas malsain, tu communique seulement mal.
- Je t'emmerde.
- Si tu veux, je n'en attendais pas moins, je ne t'aime pas non plus, mais je te respecte, parce que tu es fort et que tu me permets d'avancer, et je t'en remercie.
- Je te permets d'avancer ?
- Évidemment !
- Merde..
- Aller reste, j'ai de quoi te nourrir et tu peux toujours hurler de temps en temps.
- Hurler le ventre plein ? Ne t'avise pas d'oublier ma nourriture ou c'est toi que je mange, tu deviendras moi.
- Je ne peux pas être toi, c'est au delà de mes capacités, mais je connais le doute, la peur, la colère, l'énervement, je te donne tout ça.
- Alors nous allons nous supporter ?
- Il semblerait.
- T'as pas un truc a grailler ?
Les feuilles tombent, Tenebris mange quelque chose que lui a tendu le jeune homme, et celui-ci éclate de rire.
Les deux semblent radicalement opposés mais ils forment ensemble une harmonie.
Regarde ton ennemi dans les yeux,
Il te diras qui tu es.
Prends le dans tes bras,
Il te diras qui vous êtes.
Deux vieux ennemis qui se respectent,
Qui se battront toujours,
Mais qui ont besoin l'un de l'autre.
"On vous aime.